Son histoire
Je vous l’présente... il s’appelle toujours Henri ...!

Je l’présente, il s’app’lait Henri ‘ , et c’est mon Papa.
Enfin, notre Papa puisque nous sommes trois enfants.
Je suis la dernière … je vous entends d’ici, mais non, ce n’est pas toujours la plus facile des positions,
D’ailleurs, qu’en sais je , je n’ai connu que celle là !
Mon père, Henri Le Roux est né à Plancoët le 17 juin 1924.
( … Plancoët avec son eau, pleine de minéraux … ‘ celle qui fait …… les mouettes’ ,
la blague locale de l’époque ).
Je n’en sais guère ( mot choisi ) plus de sa petite enfance, et dorénavant, je ne sais pas à
qui je pourrais le demander.
Encore un regret de ne pas avoir posé les questions au bon moment, il y en a tellement
qui restent en suspens .
Passons donc à l’adolescence, et à la question : comment en est-il venu à la peinture ?
Henri était en terminale à l’ ITN, Institut Technique de Normandie, qui regroupait les départements
Normands, et dans lequel toutes les disciplines étaient enseignées, médecine, droit, constructions
et génie civil …
Ses parents, Mémère ( née Le Guern ) et Pépère, habitaient à Caen.
A cette époque, il aimait barbouiller en dilettante, uniquement pour la couleur ,
et sa vie était principalement partagée entre les études et le sport.
Il est vrai que quand je regarde les photos de l’époque, jeune, sans salle de muscu … c’était un peu du Johnny Weissmuller… … ce qui a complètement séduit ma mère aux Anges ( avec un grand A )
‘ tu aurais vu ton père faire le grand soleil sur la barre fixe ‘, et grimpait au sommet des arbres en rugissant à la Tarzan .
Fin Mai 1944, Henri doit déposer son dossier de fin d’études, un document sur le Moteur Shunt, puis passer les écrits les … 5 et 6 juin 1944 … not obvious my dear Henri …
Cette journée du 6 juin, et surtout, la nuit qui suivit , la ville de Caen fut détruite à 75% par les bombardements, 2000 victimes civiles furent recensées .
La famille était, comme nombre d’autres, réfugiée, dans les carrières, lesquelles avaient été creusées pour extraire la pierre qui servit à construire les monuments de Londres, ( connotation historique )
Ma mémère n’avait sauvé que quelques photos, et une petite valise en carton marron avec quelques effets… Ils étaient sur la route …
Henri avait sauvegardé son dossier ‘ Moteur Shunt ‘ , que j’ai dans les mains..
Impressionnant, pour moi . Un beau document d’époque, bien jauni , avec une belle écriture, des beaux dessins, industriels , avec un trait sûr…
La famille Le Roux fut dispersée. Mes grands parents et son jeune frère réussirent à atteindre une ferme en Mayenne, et Henri la région de Fougères.
A la radio, 19 juillet 1944, la ville martyre de la bataille de Normandie Caen, était libérée.
Henri sur un vélo, rejoignit Caen, passant par Saint Lô, …
Il tenait à son diplôme.
« Une partie de la faculté était restée debout.
Nous avons alors été avisés que nous étions reçus d’office aux examens, et que les résultats par mérite seraient publiés en septembre…
Septembre arrive, et … je suis classé 2°
C’est grâce à ce diplôme que à 20 ans, j’ai pu rentrer aux chemins de fer, à la SNCF,
service voies et bâtiments.
Rennes – Le Mans - Granville… j’avais la bougeotte » .
Il ne la domptera jamais cette bougeotte.
Et la peinture ?
-Extrait du texte d’Henri Le Roux ‘ réflexions d’un peintre en fin de parcours ‘
« Etant jeune, je n’étais pas forcément doué pour la peinture. Aussi lorsqu’en 1945 j’ai voulu commencer à
peindre, pourquoi ?...pour m’amuser et décorer mon appartement ? … je me suis mis à faire n’importe quoi, je trouvais cela bien un jour, mauvais le lendemain. En fait, je ne savais pas du tout où j’allais, et comme je n’avais pas le caractère à me conformer à l’enseignement du professeur, j’étais un peu désemparé et dans l’expectative »
C’est en consultant à 25 ans un livre sur la peinture moderne , qu’ Henri a commencé à copier des artistes, comme Gauguin-Van Gogh-Matisse-Utrillo.
Ce Gauguin le ‘ Ta Matete ‘ , est pour moi le plus symbolique. Il l’avait reproduit en 1953 sur un format de 1.21 x 93, un format hors normes qui nous a suivis dans les différentes villes que nous habitions.
« j’ai essayé alors de faire des choses plus personnelles et me suis présenté dans certains salons intéressants … Rouen – Caen … refusé … refusé »
Exemple, ce clown dont j’ai récupéré le turquoise. Un pinceau, de l’alcool a brûler et tout de
suite après de l’huile de lin.
Merci Guy Browaeys pour le conseil.
Ou cette exposition de peinture, signée en 1956.
« Persévérant, au bout de 3 ans,je suis accepté, … et cela continue avec des expositions de groupes, et un premier grand succès au Salon d’Asnières ( j’étais à l’époque venu à Paris et avait découvert la peinture contemporaine, Ecole de Paris à la Galerie Charpentier, Musée d’Art Moderne, galeries rue de Seine, Mazarine, Guénégault, Faubourg St Honoré, avenue Matignon »
Avant d’en venir à ces premiers succès, il faut dire que la vie privée d’Henri Le Roux avait … évolué.
Il n’y a quand même pas que le travail, le sport et la peinture dans la vie … il y a aussi les femmes !
Henri qui habitait encore à Granville, fut invité au mariage de l’un de ses amis dans le Nord.
Il mit un superbe costume bleu marine, prit le train qui ne lui coûtait pas trop cher, et …
… rencontra Janine la flamande.
Il prit ensuite ce même train, presque tous les week end.
Ils se fiancèrent à Pâques
Ils se marièrent en Juillet 47, et comme il se plaisait à le dire, il a tout de suite emmenée sa femme à Granville, … au bord de la mer.
« Alors, j’ai réfléchi à ce qui avait été fait en peinture depuis que le monde existe … et j’en ai conclu qu’il n’y avait plus rien à inventer. On était parti du TRAIT avec l’homme de la préhistoire pour arriver à la COULEUR avec la peinture dite moderne, avec l’impressionnisme, le fauvisme, le cubisme, le tachisme, l’abstraction et même ‘la folie’ avec le groupe COBRA jusqu’au nihilisme et la peinture conceptuelle, mais cela est autre chose ».
Invité comme garçon d’honneur au mariage d’un ami dans le Nord, Henri qui habitait à Granville, mit un superbe costume bleu marine, prit le train qui ne lui coûtait pas trop cher, et …
… rencontra Janine la flamande.
Et eurent 3 Magnifiques enfants en 4 ans …
Et, pour rappeler la bougeotte, ma sœur est née à Hazebrouck,
Mon frère est né à Caen
Moi je suis née à Rouen … plutôt Mont St Aignan, en haut de la côte …
Nous continuons l’histoire, avec la suite des ‘ Reflexions d’un peintre en fin de parcours ‘
1953 – la photo datée juste au dessus.
« 1953 : J’ai ensuite étudié dans des livres d’art, en cherchant parmi les peintres qui avaient leur nom dans l’histoire de cette peinture dite moderne, ceux qui m’inspiraient d’une façon conforme à mes goûts, je me
suis mis à peindre, en tant que peintre du dimanche.
J’ai exposé dans différents salons, non pas pour rechercher la gloire mais pour essayer de me situer objectivement parmi les autres.
Le premier salon où j’ai été accepté a été le salon des artistes bas- normands à CAEN en 1955 ( salon ou exposaient tous les grands de l’époque ) ».
Revenons à la peinture :
« Alors, j’ai réfléchi à ce qui avait été fait en peinture depuis que le monde existe … et j’en ai conclu qu’il n’y avait plus rien à inventer. On était parti du TRAIT avec l’homme de la préhistoire pour arriver à la COULEUR avec la peinture dite moderne, avec l’impressionnisme, le fauvisme, le cubisme, le tachisme, l’abstraction et même ‘la folie’ avec le groupe COBRA jusqu’au nihilisme et la peinture conceptuelle, mais cela est autre chose ».
J’ai ensuite étudié dans des livres d’art, en cherchant parmi les peintres qui avaient leur nom dans l’histoire de cette peinture dite moderne, ceux qui m’inspiraient d’une façon conforme à mes goûts, je me
suis mis à peindre, en tant que peintre du dimanche.
Le vrai déclic pour la peinture est lorsque sa carrière professionnelle le conduit en poste à
Paris – Gare Montparnasse.
En décémbre 1950, à l’initiative de Robert Couot, germe l’idée de créer une société artistique
au sein de la SNCF : Le Club artistique des cheminots de Montparnasse.
Les membres du club de peinture vont pouvoir installer dans des combles aménagés de l’ancienne gare banlieue, un atelier de peinture et de dessin animé par Jean Vinciguerra.
Les premières expositions ont lieu pendant le mois de fevrier 1951…
Le Salon d’Asnières, premier Grand salon, de par sa réputation et ses exposants,
… le 3° prix ’a été décerné à Henri Le Roux, pas mal ! … Bernard Buffet lui même y participait …



Peut-être qu’en zoomant vous pourriez y voir plein de petits trous, surtout sur la poitrine des tahitiennes, c’était à nous, les enfants, notre piste de fléchettes préférées, et bien sûr il fallait viser les seins …




C’est le Port Vert qui a été primé.
Il ne me reste que cette photo extraite de la presse de l’époque, et … elle n’est pas en couleur …
A ce sujet, mon père avait confié à une jeune femme dont la grand-mère habitait à Dinard, tous les documents originaux de ses débuts, dont ce salon d’Asnières avec le catalogue , sur lequel les noms de B.Buffet et H. Le Roux étaient presqu’accolés, ce dont nous étions très fiers.
Cette jeune femme, bien sympa d’ailleurs, devait faire une présentation sur DVD lors d’une des expositions à l’Atelier Castor Bellux où nous exposions ensemble, mon père et moi.
Ce devait être lors du ‘ On Zoute,’ en 2004.
Nous n’avons jamais récupéré les documents…
Si jamais elle se reconnaît, ces documents étaient précieux pour nous… et elle peut toujours les
ramener au Castor Bellux
… elle devait avoir les yeux bleus.
Un peu de vie privée...



